Journaliste : Merci d’être avec nous Aristide. Bien entendu, nous vous connaissons tous ici, donc cet interview servira surtout de piqûre de rappel aux personnes qui nous lisent, afin de se souvenir, ensemble, de ce qui a fait votre renommée.
Aristide Thunder : Si vous le dites.
J : Bien, nous pouvons commencer. Avant d’être cette icône technologique, avant d’être le sauveur du peuple Français, qui était Aristide Thunder ? Finalement, qu’est-ce qui vous a forgé, au fil de ces années ?
AT : Quand on est un gamin surdoué, c’est l’isolement qui nous forge. J’ai passé des heures dans ma chambre à bricoler mon ordinateur, et c’est là que je me suis découvert une passion pour la technologie. J’ai très vite perçu l’importance de toutes ces nouveautés dont on nous vantait les mérites à l’époque, mais je savais que l’on pouvait faire tellement plus !
J : Comment vos parents percevaient-ils ces activités ? J’imagine que cela devait vous prendre énormément de temps, étaient-ils d’accord pour que vous restiez cloîtré dans votre chambre au lieu de sortir avec vos amis ?
AT : Mes amis? J’ai toujours été très solitaire, je vous l’ai dit, non? Mes parents ont mon respect, mais ils ne partageaient pas ma vision. Ils étaient enfermés dans leur quotidien inchangé, et très vite je l’ai compris. L’inconnu leur faisait peur. Ils n’avaient pas envie de chercher toujours plus loin, ils se contentaient de ce qu’il avaient. Leur complaisance et leur suffisance me rendaient malade.
J : Est-ce pour cela que vous avez quitté le cocon familial à 16 ans et que vous vous êtes émancipé ?
AT : C’était plutôt clair jusqu’à présent, il me semble… J’ai rejoint l’école 42 à Paris, afin de forger ma propre destinée. Malgré mes capacités largement suffisantes, je me suis entouré de jeunes prometteurs, des “génies” qui partageaient ma vision des choses.
J : “Le bonheur n’a de valeur que s’il est partagé”, c’était votre philosophie à ce moment là ?
AT : (rires) Si vous voulez.
J : Parlons un peu de votre société maintenant. Thunder Industries voit le jour alors que vous n’avez que 25 ans. Comment se passe la création ?
AT : Sorti de l’école avec les acclamations de mes professeurs, créer mon entreprise a été une action assez aisée, je l’avoue. Je vous l’ai déjà dit, je m’étais déjà entouré des cerveaux de ma promotion, et nous nous sommes embarqués pour l’aventure des nouvelles technologies avec l’envie de repousser les limites posées par les géants tels que Google ou Apple.
J : Apple et Google, parlons-en justement ! Que répondez-vous aux rumeurs qui prétendent que Google vous a dérobé votre brevet pour en faire son assistant vocal Google Now?
AT : Je dirais qu’il ne faut pas se fier aux rumeurs. Mais qu’il n’y a pas de fumée sans feu.
J : Vous ne confirmez ni ne niez, en somme?
AT : Ça, c’est vous qui le dites, pas moi.
J : Pourriez-vous nous parler de la genèse d’Espérance ?
AT : Espérance était à l’origine un simple assistant vocal adapté à l’échelle d’un foyer entier, mais c’est la nécessité de rendre nos foyers plus éco-responsables qui m’a poussé à avoir un regard nouveau. J’ai cherché avant tout à permettre à n’importe quelle famille de vivre en toute tranquillité sans avoir à se soucier de son empreinte écologique. C’est de là qu’Espérance est devenue non seulement un assistant vocal adapté à toute la famille mais aussi un intelligence artificielle capable de gérer les différents paramètres d’un foyer : eau, électricité, gaz …
J : Votre tour de force a été d’étendre le test de votre brevet à la France entière, et cela en collaboration avec le gouvernement français. On ne peut pas nier que les résultats ont été plus que notables, puisqu’après le krack boursier, la France est le pays qui a connu la plus forte hausse de sa croissance. Malgré ces résultats plus qu'excellents, j’ai cru comprendre que vous n’étiez pas satisfait, pourquoi ?
AT : C’est vrai, je ne suis pas entièrement satisfait. Si nous pouvons redresser un pays grâce à Espérance installée dans tous les foyers, imaginez ce que l’on pourrait faire en étendant l’interface aux entreprises et aux institutions ! Le gain de temps serait considérable, tout comme la gestion des ressources. Espérance n’a pas été créée pour rester cantonnée au domaine privé, elle a pour but de faire d’une nation un vrai monstre de l’économie.
J : Donc Espérance est un projet destiné à être appliqué dans tous les domaines. Mais que dites-vous de eux qui protestent contre votre projet en disant que c’est une Intelligence Artificielle dangereuse, qui pourrait avoir des conséquences néfastes sur la population ?
AT : Je sais que certaines personnes se méfient d’Espérance, mais elle n’est pas dangereuse. Certes, pour qu’elle soit efficace, nous avons eu recours à une forme d’intelligence artificielle, mais très limitée et surtout programmée pour garantir la sécurité de ses utilisateurs. Espérance travaille pour le bien du peuple français ! Albert Einstein a dit “Je crains le jour où la technologie dépassera les capacités humaines”, mais il avait tort de penser que la technologie serait une mauvaise chose, et Espérance est bien la preuve de son erreur !
J : Dire que certaines personnes se méfient d’Espérance est un doux euphémisme vous ne pensez pas? Je veux dire, ignorer le groupe Unplug et les centaines d’opposants à votre intelligence artificielle, c’est ignorer une menace grandissante pour Thunder Industries, je me trompe?
AT : Unplug n’est qu’un groupe de petits hackers qui se croit puissant, et ne fait qu’alimenter des rumeurs infondées pour le simple plaisir de nuire à la Thunder Industry. Je ne les ignore pas, au contraire. Je les vois, et je ris d’eux, car ils n’ont pas compris l’essentiel : ils ne peuvent rien contre ce qui est en train d’arriver ! Le progrès est inévitable ! Regardez l’histoire, vous verrez qu’à chaque grande avancée de l’humanité, il y a eu des opposants, mais ce sont ces gens-là qui sont restés sur la touche, ce sont eux qui ont tout perdu. Unplug n’a pas de sens, et le jour où ils réussiront à toucher la Thunder Industry n’est pas près d’arriver.
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